Au revoir André
Jeudi, 25 août 2016
C’est avec tristesse que nous avons appris mercredi matin le décès à l’âge de 74 ans, d’André Melançon, comédien, auteur et réalisateur au talent exceptionnel qui restera dans les mémoires comme le « cinéaste de l’enfance », tant son travail en la matière aura laissé des traces indélébiles.
André Melançon débute en grand sa carrière au cinéma, à la fois comme comédien (magnifique homme libre dans Taureau de Clément Perron, entre autres), comme réalisateur de courts truculents (les fameux « Les Oreilles » mène l'enquête et Le Violon de Gaston, pour ne citer que ces deux-là), ou encore grâce à des premiers longs métrages qui feront date : Comme les six doigts de la main, récipiendaire du Prix du meilleur long métrage québécois remis par l’Association québécoise des critiques de cinéma en 1978) et le documentaire Les vrais perdants (1977).
Mais c’est en 1984, qu’il entre dans la légende en réalisant La guerre des tuques, le premier Conte pour tous qui résonne encore dans l’imaginaire de plusieurs générations. Luc, Sophie et leurs amis voyagent à travers le monde et deviennent les ambassadeurs du Québec. Melançon collaborera encore quatre fois à la célèbre série produite par Rock Demers : Bach et bottine, Fierro… l’été des secrets, Daniel et les Superdogs, dernier Conte qu’il réalisa en 2004, et La gang des hors-la-loi, le 24e film de la célèbre série dont il a cosigné le scénario.
Marquée par l’aisance de sa relation avec les enfants, avec qui il établissait une véritable connivence, la carrière d’André Melançon est un bel exemple d'éclectisme. Que ce soit au cinéma ou à la télévision, il se sera essayé à plusieurs genres, de la comédie au drame intimiste (Le lys cassé), en passant par le polar (Rafales, avec Marcel Leboeuf et Denis Bouchard) et en mettant en scène plusieurs œuvres télévisuelles d’importance comme Albertine en cinq temps de Michel Tremblay, ou Cher Olivier, qui retrace le parcours du maître de la comédie, Olivier Guimond, et dont il a également assuré la scénarisation et qui récolta pas moins de neuf Prix Gémeaux.
Aimé par les petits et les grands et unanimement reconnu de ses pairs, André Melançon avait vu en 2012 sa carrière récompensée du prix Albert-Tessier - la plus haute récompense québécoise en matière de cinéma -, et l’année suivante, il recevait l’insigne d’officier de l’Ordre national du Québec.
En 2013, lors de la 31e édition des RVCQ, alors qu’il était venu présenter en première mondiale Les trains de la vie, sa toute dernière réalisation, un hommage festif et émouvant lui était rendu en compagnie de plusieurs invités spéciaux. La prochaine édition des RVCQ sera dédiée à la mémoire de cet homme exceptionnel.
Québec Cinéma avait à son tour souligné le talent exceptionnel en lui décernant le Jutra Hommage en 2015, tout juste après une bataille de neige tout aussi marquante. « Faites-nous rire, faites-nous pleurer ; c’est important. Faites-nous penser ; c’est important. Faites-nous rêver ; c’est essentiel. » Ces phrases si justement dites par André Melançon témoigneront pour certainement plusieurs années de la tendresse, de la sensibilité, de la fragilité et de la beauté qui habitait ce grand cinéaste de notre temps.
Photo d'en-tête : crédit : Vivien Gaumand | Vi Photographie
Album photo : Vivien Gaumand | Vi Photographie, Marc-André Lapierre et Mathieu Deshaies