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Les mots de Ducharme, les images de Mankiewicz

Mercredi, 23 août 2017

Réjean Ducharme, monstre-sacré de la littérature québécoise, nous a quittés lundi. Découvert à l’âge de 24 ans avec « L’avalée des avalés », roman fulgurant publié en France et finaliste du prestigieux prix Goncourt, Ducharme aura toute sa vie entouré son œuvre et sa personnalité d’un voile de mystère, refusant d’être pris en photo et même toute forme d’entretien.

Le joual unique et merveilleux de Ducharme a également illuminé de nombreuses chansons, popularisées entre autres par son complice Robert Charlebois, ainsi que les scénarios de deux œuvres majeures de la cinématographie québécoise réalisées par son ami proche, le regretté Francis Mankiewicz.

Sur un scénario éclaté et mettant en vedette une distribution inoubliable (Charlotte Laurier, Marie Tifo, Germain Houde, Gilbert Sicotte, Roger Lebel, Louise Marleau, Jean-Pierre Bergeron, Serge Thériault, entre autres), ce drame fondé sur la passion et la jalousie s'appuyait bien sûr sur la poésie des mots chantants de Ducharme (et de leur dureté), mais aussi sur la magnifique direction photo de Michel Brault. Pour beaucoup, ce film est aujourd’hui encore l'une des productions québécoises qui méritent le qualificatif de chef-d’œuvre et a fait à plusieurs reprises partie des « dix meilleurs films canadiens de tous les temps », une liste pilotée par le TIFF.

Salué par la critique et le public, sélectionné en compétition à Berlin, Les bons débarras avait remporté six prix Génie : Meilleur film, Meilleure actrice (Marie Tifo), Meilleur acteur de soutien (Germain Houde), Meilleur réalisateur, Meilleure photographie et Meilleur scénario original.

Le film sera présenté ce mercredi soir 23 août, au Théâtre Outremont, dans le cadre de la rétrospective « Les films de ma vie ».

Deux ans plus tard, Réjean Ducharme signait le scénario de Les beaux souvenirs, une histoire toute en subtilité, simple et actuelle de deux jeunes femmes et de leur père. Dramatique, drôle, poétique, ce récit où « les beaux souvenirs » font partie de la vie porte en filigrane le thème de la fragilité. Pour interpréter le rôle de Marie, cette enfant de dix sept ans « troublante comme un ruisseau dont aucun obstacle n’arrête la course », Francis Mankiewicz avait choisi Monique Spaziani, toute nouvelle comédienne à l’époque. Julie Vincent, vedette du célèbre film Mourir à tue-tête joue le rôle de Viviane, « lac qui retient tout, qui réfléchit tout ». Le père avec « sa tendresse qui ressemble aux feuilles neuves d’un vieil arbre » est interprété par Paul Hébert. Rick, l’ami de Viviane, l’éternel adolescent, est personnifié par R.H. Thomson. Voir le film sur le site de l’ONF.

 

 

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