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Nicole Bélanger: des mots à l’image

Vendredi, 22 septembre 2017

À l’occasion de la sortie de Les rois mongols quatrième long métrage de Luc Picard, nous avons rencontré Nicole Bélanger, auteure du roman [1] et scénariste du film. Elle nous a parlé de ce projet de film qu’elle porte en elle depuis longtemps, plus précisément depuis le début des années 90, et qu’elle est ravie de voir enfin prendre l’affiche.

La nature très graphique du récit trouve sans doute son explication dans le fait qu’à l’origine, Les rois mongols avait été pensé comme un projet de cinéma, puisque c’était son projet de fin d'étude en scénarisation à l'UQAM. Plusieurs versions du scénario ont vu le jour. D’ailleurs un film avait bien failli voir le jour, grâce au producteur Marcel Simard, au début des années 2000. « Johanne Prégent devait réaliser le film et nous avions Claude Godbout, producteur des Ordres et des Bons débarras, comme conseiller au scénario. Mais faute d'intérêt de la part d’un distributeur, le projet n’a pu se concrétiser.  Octobre et plusieurs films mettant en scène des enfants venaient de sortir. Le "timing" était mauvais.» Ce n’était que partie remise pour que ce roman évocateur trouve le chemin des salles. C’est désormais chose faite, grâce à la maison de production Echo Média qui a acheté les droits en 2013 et en a confié la réalisation à Luc Picard.

Partiellement autobiographique, les tribulations de Manon, Mimi et de leurs cousins puisent leur source dans l’enfance de l’auteure. « J’ai 8 ans en 1970. Mon père est malade. J'ai deux soeurs, pas de petit frère, mais j’ai peur qu'on soit placés en famille d’accueil. En voyant à la télévision le corps du ministre assassiné, c’est aussi à ce moment que je découvre la mort pour la première fois. C’était très marquant. Le climat était étrange pour nous dans Hochelaga. Étrange et fascinant. »

Pour dépeindre le portrait de Manon, fillette de 12 ans en butte aux décisions des adultes, Nicole Bélanger avoue s’être inspirée du petit Momo de La vie devant soi de Romain Gary et de la Zazie de Raymond Queneau [2]. Dans le rôle de Manon, incarnée par Milya Corbeil-Gauvreau, on retrouve d’ailleurs un peu des traits de l’adorable chipie popularisée par Louis Malle. Sa candeur et son innocence bien sûr, mais aussi une révolte sourde caractérisent ce personnage bien décidé à ne pas se laisser abattre devant les injustices, le fait de ne pas être prise au sérieux, et surtout la crainte de perdre son petit frère Mimi (Anthony Bouchard).

Mais Les rois mongols c’est aussi la crise d’octobre. Un contexte historique qui reste très ancré dans notre imaginaire et qui est ici montré à hauteur d’enfants. « Il s’agit d’une allégorie de notre histoire. En 70, le Québec était un peuple adolescent. Il y avait une promesse de pays et on voulait s’assumer, mais ça ne s’est pas fait. Il y a eu mort d’homme. Il y a beaucoup de parallèles à faire entre le récit et les espoirs perdus de la société québécoise. » Des parallèles que le public pourra faire en salles dès aujourd’hui (voir les horaires).

Après cette première incursion au grand écran, Nicole Bélanger a plusieurs autres projets en développement. Entre autres, un long métrage de fiction adapté de l’oeuvre de Marcel Dubé, Un simple soldat. Également dans les cartons, un conte pour la jeunesse mélangeant action réelle et animation pour l’instant intitulé Hugo, Céleste et le petit peuple du nord. Une féerie fantaisiste qui met en vedette une faune imaginaire composée d’elfes et de diverses petites bestioles. Et il y a aussi Alice et Babette, un projet démarré il y a plusieurs années avec les Productions Virage qui relate les tribulations de deux mamies à court de ressources qui décident d’aller draguer les veufs dans les salons funéraires... Un projet qui n’a jamais vu le jour, mais que l’auteure aimerait bien relancer. À suivre donc.

Les rois mongols

Montréal, octobre 1970. La famille de Manon, 12 ans, est sur le point d'éclater : elle et son petit frère Mimi seront placés en famille d'accueil. Manon est révoltée. Inspirée par l'actualité politique, elle élabore un plan et prend en otage une vieille femme, pour revendiquer le droit de choisir son avenir. Aidée de ses cousins, Martin et Denis, elle quitte la ville avec Mimi et la vieille dame, déterminée à trouver un refuge où ils seraient enfin tous libres et heureux.

Le film met en vedette Milya Corbeil-Gauvreau, Henri Picard, Anthony Bouchard et Alexis Guay. Ils sont entourés d'acteurs et actrices de renom : Clare Clouter, Julie Ménard, Maude Laurendeau, Jean-François Boudreau, Martin Desgagné, Sophie Cadieux, Bobby Beshro, Nicola-Frank Vachon, Emmanuel Charest et Gary Boudreault.

Notes

[1] - BÉLANGER, Nicole, Salut mon roi mongol!, roman, Montréal - Édition originale: Les Intouchables (1995) - Réédition aux Éditions Québec Amérique (2017).

[2] - QUENEAU, Raymond, Zazie dans le métro, roman, Paris - Édition originale: Gallimard (1959) - Multiples rééditions.

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