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Les faux tatouages présenté aux cinéphiles de Toronto

Jeudi, 19 avril 2018

Ils sortent d’un spectacle punk sans se connaître. Dans le restaurant au coin de la rue, elle lui adresse la parole. Il y a comme un déclic… Mag et Théo, ne se quitteront plus. Pour le prochain mois, en tout cas...

Pour son premier long métrage, Pascal Plante signe une chronique amoureuse portée par les charismatiques Anthony Therrien (Corbo) et Rose-Marie Perreault. Nous nous sommes entretenus avec le jeune réalisateur à l’occasion du passage de la Tournée au Spécial Québec de Cinéfranco où Les faux tatouages a été présenté aux cinéphiles de Toronto, tout juste avant qu’il ne reparte pour l’un peu plus exotique Festival international du cinéma indépendant de Buenos Aires Buenos!

D’où vous est venue l’idée de faire cette comédie romantique alternative?
Avec Les faux tatouages, l’idée de base c’était de faire un film romantique, mais dans lequel on n’idéalise pas l’amour. Un film dans lequel l’amour naît du quotidien et de la quotidienneté. Et je trouve que, d’une certaine façon, on s’identifie aussi à cette quotidienneté-là. Alors l’idée c’était de faire un film cru, un film jeune et frais qui renverse certains codes. Souvent, il y a un schéma très défini, je trouve, dans les films romantiques, alors que les histoires que je préfère sont celles où c’est un peu plus chaotique, un peu moins discipliné. Donc Les faux tatouages, c’est juste venu de l’envie de faire une belle rencontre entre deux personnes à l’écran, que ce soit beau et qu’on s’y projette!

Est-ce qu’il manque d’histoire d’amour ou des romances qui vous correspondent dans le cinéma québécois?
Dans le paysage du cinéma québécois, oui je suis assez d’accord. Par contre on a une grande quantité de films « coming of age » [qui relatent le passage de l’adolescence à l’adulte] et mon film c’est un peu les deux. C’est-à-dire que la tradition coming of age elle est vraiment québécoise; de toutes les époques il y a eu des films comme ça. Des fois il y a des romances, mais ça va être relayé au second plan. Alors que nous on voulait vraiment que la romance soit la part du lion.

C’est peut-être plus dans la tradition indépendante américaine, avec des films comme Before Sunrise de Richard Linklater (v.f. Avant l’aube tout est possible) par exemple que proviennent mes inspirations. Il y a plein de films « Indie » américains, de très bons drames qui mélangent comédie et romantisme et paradoxalement, ce sont ceux-là qu’on devrait peut-être plus imiter parce que ça ne coûte pas cher d’avoir des personnages qui sont beaux et qui tombent en amour l’un avec l’autre. C’est à la portée de nos moyens. Effectivement il y a peut-être une carence à ce niveau-là car il y a très peu d’exemples récents de ce genre au Québec. 

Le film repose en grande partie sur la chimie qui opère entre les deux personnages… Parlez-nous un peu du choix des comédiens.
Au départ, nous étions ouverts à faire du casting sauvage et à travailler avec des acteurs non professionnels. On aurait pu par exemple trouver des jeunes à la sortie d’un show de métal ou aller les dénicher aux Foufounes électriques… On aurait pu fonctionner comme ça, mais on a commencé par les jeunes acteurs et on est passé par les agences. On a fait des auditions et puis finalement on a trouvé Rose-Marie Perreault et Anthony Therrien. Ils sont capables de vraiment porter le jeu dans toutes les nuances. Et j’ai souvent travaillé avec des enfants et des acteurs non professionnels, mais il faut souvent adapter la mise en scène à eux. Avec Rose-Marie et Anthony, ça nous permettait de faire un film où il y a un point de vue plus contrôlé. Et c’est la première fois que je faisais ça avec des acteurs qui étaient aussi bons au final! Donc par les agences, on a finalement trouvé Anthony en premier. Ensuite, on a fait un call back d’auditions avec les filles, nos préférées et on les a vu jouer leur scène de rencontre… et avec Rose-Marie le choix était évident!

Et d’où vous est venue l’idée d’offrir un rôle à la Youtubeuse Lysandre Nadeau plutôt qu’à une actrice professionnelle?
Elle a fait une audition comme tout le monde. Elle n’a pas eu de passe-droit et ce n’était pas non plus un gammick de marketing! Lysandre a un genre de « je-m’en-foutisme » qui est frais et vraiment le fun. Et un peu par souci d’avoir des nouveaux visages à l’écran aussi, on l’a appelé en audition. Les Youtubeuses et les Youtubueurs ce sont des gens qui ont quand même un rapport à la caméra ; ce sont des « performers » dans un sens. Lysandre c’était la seule qui avait une énergie, une fraicheur et une spontanéité qui pouvait être belle dans ce que je voulais faire avec le film.

Vous avez réalisé le film avec un petit budget. Concrètement, comment cela influence-t-il votre manière de travailler?
Le manque de budget, ça donne moins de temps, c’est évident. On a tourné en 15 jours. Ça force les décisions, tu n’as pas le temps de ne pas être prêt. On ne peut pas dire : « OK, je vais shooter de tous les angles possibles et on verra après au montage ». Ça t’oblige à faire un choix que tu vas assumer jusqu’à la toute fin. Il y a des journées où on tournait 10 pages de scénario et ça, c’est un rythme télé, mais on voulait quand même faire du cinéma […] Fallait que ça opère et il fallait que les acteurs soient prêts! L’autre enjeu avec un petit budget, c’est qu’il fallait que je porte plusieurs chapeaux : j’ai fait le montage, la conception sonore, les sous-titres et même l’affiche!

Parlant de conception sonore, vous avez mentionné lors de la séance de questions après la projection de votre film au Spécial Québec de Cinéfranco que c’est très important pour vous que les dialogues sonnent naturel. Vous avez dit que : « Comme une fausse note de musique, les dialogues aussi peuvent sonner faux ». Comment avez-vous travaillé cet aspect dans le film?
C’est vrai que je suis vraiment maniaque là-dessus. Parfois, si je n’aimais pas comment le mot finissait, je pouvais recaler de l’audio d’autres prises pour que le jeu des comédiens sonne le plus juste possible. Mon petit truc secret! […] Peut-être qu’il y a un peu de musique là-dedans…

Et justement, la musique joue un rôle assez important dans le film, qu’est-ce que ça représente pour vous?
Je me suis vraiment gâté ! On s’est battu pour avoir les droits de toute la musique qu’on voulait mettre dans le film. Il y a un peu de nostalgie dans le film et la musique y est beaucoup liée. La musique c’est ce qui me rappelle des lieux et des moments. C’est profondément lié à ma façon de connecter avec les gens et je trouvais que c’était un beau terrain pour explorer une romance.  Il y a un peu de musique originale dans le film, mais je voulais que ça sonne années 90, début des années 2000. Ça donne une petite couleur au film, un peu de personnalité aussi!

Pour la suite, quel projet vous occupe?
Je suis présentement en écriture. Je fais un film de nageuses de haut niveau. Une fictionqui se mélange un peu avec le documentaire. Donc ça va être une fiction, mais avec de vraies athlètes, de vraies nageuses de calibre national et international… J’essaierai d’y définir la psychologie d’un athlète dans toute sa complexité.

Crédit photo : Yann Yap

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