« André Melançon est une figure importante de notre cinéma depuis plus de 40 ans. Il a réalisé, scénarisé et joué dans de véritables classiques du cinéma québécois. Encore aujourd’hui, son oeuvre trouve une profonde résonance dans le coeur du public et crée des ponts entre les générations. C’est avec grand bonheur que nous célébrons les multiples talents de cette personnalité inspirante et appréciée de tous. » - Ségolène Roederer, directrice générale de Québec Cinéma

« Le cinéaste de l'enfance ». Voilà le titre auquel a rapidement été identifié André Melançon. Et comment pourrait-il en être autrement devant cet homme dont le nom paraît encore aujourd’hui indissociable des Contes pour tous, série dont il façonna le premier – et inoubliable – épisode en 1984 : La guerre des tuques ? Ancien psychoéducateur, ce natif de Rouyn-Noranda qui utilisa lors de ses années d’engagement social le théâtre et le cinéma comme des outils pour aider de jeunes délinquants n’en était pourtant pas alors à ses premières armes, lui qui réalisa en 1978 le classique Comme les six doigts de la main, puis le documentaire Les vrais perdants qui auscultait les ambitions parfois nocives qu’ont les parents pour leur progéniture et dont il observa le cheminement dans un second documentaire en 2006, L’âge de passion. Viendront en 1985 Bach et Bottine où André Melançon fera découvrir au Québec le visage de la toute jeune Mahée Paiement, puis Fierro… l’été des secrets ou Daniel et les Superdogs, dernier Conte pour tous qu’il réalisa en 2004. Pourtant, réduire le travail de André Melançon à l’univers de l’enfance serait minimiser l’ampleur de sa relation au monde qui l’entoure. Engagé, impliqué, son travail de réalisation empathique et bienveillant s’est en effet étendu à des sujets aussi variés que le polar, avec Rafales, l’inceste avec Le lys cassé, l’adaptation pour la télévision de Albertine en cinq temps de Michel Tremblay, la vie de Olivier Guimond avec la série Cher Olivier qui raflera neuf prix Gémeaux ou la grève dans le secteur de l’amiante avec sa série Asbestos en 2001. Mais si André Melançon a su gagner une place si particulière dans le cœur du public, c’est qu’il a encore imprimé l’écran de son impressionnante présence en devenant acteur dès 1972 dans Taureau de Clément Perron ou plus tard pour Micheline Lanctôt (Onzième spéciale), Jean Beaudry et François Bouvier (Les matins infidèles), ou Denys Arcand (Réjeanne Padovani, Joyeux calvaire). Également metteur en scène de théâtre (La promesse de l’aube de Romain Gary en 2006 ou Les justes de Albert Camus en 2008), entraîneur de la Ligue nationale d’improvisation pendant plus de 15 ans, lauréat du prix Albert-Tessier en 2012 et officier de l’Ordre national du Québec l’année suivante, André Melançon n’est pas que l’un de nos créateurs les plus versatiles : il est aussi l’un de ceux qui ont marqué et marquent encore l’imaginaire de toutes les générations.

- Helen Faradji, critique de cinéma