Je ne sais plus exactement quand je l’ai connue, l’été de l’Expo 67, fin des années soixante sûrement, années marquées par la rébellion, la révolte et la quête de liberté. Paule avait 4 ou 5 ans de plus que moi, je la regardais de loin, impressionnée par son audace, sa beauté et un tantinet déstabilisée par sa « folie » et sa colère de femme. Paule incarnait à elle seule révolte, liberté et beauté. Belle comme le jour et la nuit, elle émanait le paradoxe de la force et de la fragilité. Dans la grande aventure du Grandcirque ordinaire, elle rayonnait. Puis, du théâtre expérimental au cinéma, elle est passée, d’abord comme actrice et puis, enfin, comme cinéaste. Le cinéma, c’est tout pour elle, dit-elle. Anastasie oh ma chérie, La cuisine rouge et, presque 30 ans plus tard, 30 tableaux. Je nomme ces trois films parce que pour elle, ce sont SES films, là où elle se révèle avec une franchise désarmante et une grande originalité. Elle a aussi réalisé avec grande réussite d’autres films dont le très beau Claude Jutra, portrait sur film. Le prix-hommage lui est remis le 11 mars, date de naissance de son ami Claude Jutra. C’est comme si Claude lui-même lui remettait aujourd’hui un cadeau bien mérité.

- Monique Simard