André Forcier
Iris Hommage 2018Un fou, un poète, un rebelle. « L’enfant terrible du cinéma québécois », comme on l’a si vite dit à son sujet. André Forcier est surtout un créateur unique, dont les films parviennent depuis maintenant cinquante ans à exhaler ce parfum particulier qui nous laisse penser qu’au fond, il est peut-être bel et bien un magicien. Oui, il est un ovni dans le paysage du cinéma québécois, et quel ovni !
De ceux qui nous font rêver en nous faisant voyager dans des univers imaginaires et réalistes à la fois, des mondes à nul autre pareils. Son univers si singulier, il ne lui a pas été facile de l’imposer, d’ailleurs. Jeune homme, Forcier rêvait d’être criminaliste. Mais c’est un cours de cinéma qui changera son destin.
Il est d’abord repéré par sa plume, alors qu’il écrit pour un journal étudiant. Puis, après un premier court collectif, La mort vue par…, il réalise son propre premier court métrage Chroniques labradoriennes, en 1967. C’est là que sa ténacité sera testée. Car il devra multiplier les petits boulots pour enfin, après quatre ans, financer son premier long : Le retour de l’Immaculée Conception. Une force de caractère qui se manifestera tout au long de sa carrière, où il réussira à faire éclore, parfois dans des conditions difficiles, son style pétri de réalisme magique dans un monde où son audace et son inventivité détonnent toujours.
Heureusement, nombreux sont ceux à l’avoir reconnu. Dès 1974, c’est rien de moins que Vittorio De Sica qui lui remet une Sirène d’argent au festival de Sorrente en Italie pour Bar salon. En 1987, il sera le premier cinéaste québécois à voir son œuvre faire l’objet d’une rétrospective à la Cinémathèque française. L’eau chaude l’eau frette, notamment loué par Romain Gary, et Une histoire inventée, également un grand succès ici, seront de la compétition de la Quinzaine des réalisateurs cannoise en 1978 et 1991. Ici, il remporte le prix Albert‑Tessier en 2003 et le prix de la Gouverneure générale du Canada en 2010.
Évidemment, ces univers tendres et singuliers qui parviennent à magnifier et mythifier les situations les plus quotidiennes ont aussi été des terrains de jeux magnifiques pour des acteurs à qui Forcier a offert des rôles inoubliables : Michel Côté et Guy L’Écuyer dans Au clair de la lune, Rémy Girard et Marie Tifo dans Kalamazoo, Céline Bonnier et Roy Dupuis, devenus des habitués (Je me souviens, Embrasse-moi comme tu m’aimes, Coteau rouge, Les États-Unis d’Albert). Surréaliste et romanesque, généreux et chaleureux, fantasque et dopé à l’humour noir : oui, André Forcier est bien quelque chose comme un magicien.
- Helen Faradji
Critique de cinéma
Crédit photo: Diane Leblanc
Filmographie sélective
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LA BEAUTÉ DU MONDE
2019
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EMBRASSE-MOI COMME TU M'AIMES
2016
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COTEAU ROUGE
2011
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JE ME SOUVIENS
2009
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UN CRI AU BONHEUR – Oeuvre collective
2007
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LES ÉTATS-UNIS D'ALBERT
2005
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ACAPULCO GOLD
2004
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GUMB-OH LA! LA! - Série de 13 émissions documentaires pour TV5 international
2002
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LA COMTESSE DE BATON ROUGE
1998
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LE VENT DU WYOMING
1994
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UNE HISTOIRE INVENTÉE
1990
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KALAMAZOO
1988
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AU CLAIR DE LA LUNE
1983
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BAR SALON
1974
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L'EAU CHAUDE, L'EAU FRETTE
1977
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NIGHT CAP
1974
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LE RETOUR DE L'IMMACULÉE CONCEPTION
1971
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CHRONIQUES LABRADORIENNES
1967